Wednesday, February 28, 2007

Concours Pour le Prochain Numéro de Têtu

Par Jérôme Martin, lecteur.

Après son éditorial dans le numéro de Têtu de mars 2007, Thomas Doustaly aura du mal à faire encore mieux. Aide-le : parmi chacune des 5 premières sections, choisis deux énoncés. Combine à l'envie les 10 énoncés sélectionnés ; et remplis les vides avec ton goût du paradoxe gratuit, l'envie d'en découdre avec l'égalité des droits et la volonté de faire passer la droite pour gay-friendly.

Aide-toi de la section 6 pour lier le tout.

Manie les concepts d'homophobie imaginaire, et personnelle, n'hésite pas à faire valider ton discours par l'extrême-droite, décrédibilise ou passe sous silence les revendications des lesbiennes et des trans, et tu obtiendras le nouvel édito de Têtu. A partir des milliers de combinaisons possibles, un exemple d'édito t'est
donné pour avril 2007.


Section 1 : l'homophobie, c'est au fond des êtres.
« Nicolas Sarkozy écoute en secret ABBA. Qui
peut encore oser dire qu'il est homophobe ? ».
« Et pourquoi ne serions-nous pas capables de
croire Jean-Marie Le Pen quand il nous dit qu'il a de très bons amis homos » ;
« Après tout, Philippe de Villiers n'a pas bronché quand sa chargée de communication
lui a dit que sa fille était lesbienne » ;
« Refoulée sans ménagement par le service d'ordre de Sarkozy, la militante d'Act Up se demanda avec une réelle ouverture d'esprit :"n'y a-t-il pas ici de l'homophilie, plus ou moins secrète ?" ».
« On s'intéresse trop à ce que font ou disent ces gens, pas assez à ce qu'ils ou elles ressentent à l'intérieur. »
« Le programme socialiste, en tout cas, dissimule mal les convictions personnelles de
Ségolène Royal, très réticente sur le sujet. »


Section 2 : Nicolas Sarkozy a raison

« Sur ce point, Nicolas Sarkozy a raison. »
« Nicolas Sarkozy a raison sur ce point. »
« Nicolas Sarkozy a, sur ce point, raison. »
« Sur ce point, Nicolas Sarkozy n'a pas tort / ne se fourvoie pas / n'est pas dans l'erreur / ne dit rien de choquant/ ne cherche pas à nous tromper / ne ment pas / ne se paie pas d'illusions / n'hésite pas à recourir au parler vrai / ne recule pas devant la difficulté / ne louvoie pas / n'est pas complexé / ne se contente pas du politiquement correct /ne veut respecter aucun tabou / n'a pas peur de nous bousculer / etc. »
« C'est au moment où j'ai entendu le discours du président de la Pologne que l'homophobie de Nicolas Sarkozy m'a paru bien plus imaginaire que je ne le pensais auparavant. »
« Qui pourrait garantir que l'exclusion de Christian Vanneste de l'UMP n'aurait pas fait le
jeu de l'homophobie ? ».


Section 3 : la gauche et la droite, c'est la même chose.

« Pourquoi ne pas admettre avec Philippe de Villiers que la droite et la gauche, c'est la même chose ? »
« La lutte contre le sida a tellement progressé qu'elle ne représente plus un clivage gauche/droite».
« La lutte contre le sida a si peu progressé qu'elle ne peut en aucun cas faire l'objet d'un
clivage gauche-droite. »
« On a gagné, quel que soit le résultat. »
« François Bayrou est difficile à placer sur l'échiquier politique. »
« Sur ce sujet, l'extrême-droite est au moins cohérente avec elle-même. L'extrême-gauche, elle, ne peut nous faire oublier son passé détestable. ».
« Et je préfère considérer ce qui unit la gauche et la droite, que ce qui les sépare. Cela me
semble procéder d'un réel esprit républicain. »


Section 4 : l'extrême-droite, c'est pas mal quand ça m'aide à avoir raison.

« 'Qui pourrait raisonnablement refuser de croire à mon antisémitisme imaginaire ?'. s'était dit Eichmann à l'ouverture de la conférence de Wannsee. »
« Le regard de Philippe de Villiers est à cet égard éclairant. »
« Au moment où Le Pen évoquait la 'chasse au chapon dans le Marais parisien', je relisais mon éditorial de mars dernier. Ma question sur l'homophilie au sein du FN m' a paru encore plus pressante. »
« Jean-Marie Le Pen n'a pas tort quand il rappelle qu'une certaine extrême-gauche a pu
être antisémite, sexiste et homophobe. »
« Pourquoi ne pas admettre, avec Christian Vanneste, que la droite a échoué sur les questions LGBT ? »
« Regarder nos luttes avec les yeux de Le Pen, ce n'est pas faire le jeu de l'extrême-droite. C'est imposer une exigence, un désir d'absolu à nos revendications. »


Section 5 : LGBT ? Mais y'a trop de lettres !

« Lesbophobie n'est pas un mot qui existe dans le dictionnaire. ».
« La transphobie ? Deux lexomils, une coupe de champagne avant le décollage, et ça me
passe. ».
« On reconnaît les pédés / les gouines qui militent pour le droit à l'adoption parce qu'ils / elles regardent Go Diego / Dora l'exploratrice. ».
« La procréation assistée pour les lesbiennes ne serait-elle qu'un enjeu imaginaire de la
campagne ? »
« J'ai signé des pétitions, mais je n'ai jamais compris pourquoi une institution aussi poussiéreuse que le mariage comptait autant pour les pédés et les gouines.».
« Au fond, tout bien considéré, on ne peut nier que cette question du changement d'état civil soit trop complexe pour être un enjeu intéressant de la campagne à venir. »
« J'ai déjà utilisé le mot 'homoparentalité' dans mon dernier éditorial. »
« 'On a gagné.' Ce titre a choqué. Je ne comprends pas pourquoi.»
« Le PaCS n'empêche pas l'expulsion d'une personne sans-papiers. Heureusement, dans son programme, Nicolas Sarkozy nous promet un meilleur contrôle. ».
« L'arrêt de la Cour de Cassation qui invalide la procédure d'adoption simple pour les
homosexuelles vient nous montrer que Sarkozy n'est pas dans le faux. ».
« Bien sûr, en cas de victoire de Royal ou de Sarkozy, les conséquences ne seront pas les mêmes pour les personnes qui se prostituent, qui n'ont pas de papier, qui consomment de la drogue, qui sont en prison, qui sont précaires. Mais, même si on peut considérer qu'il y a parmi elles des LGBT, on doit aussi se rappeler que le vote est un choix. ».


Section 6 / bonus : clés rhétoriques

« Il faut s'en réjouir. »
« Sur ce point / A cet égard / A ce sujet, Bidule [=le pire ennemi des LGBT] n'a pas tort quand il dit ...»
« Ceux qui crient au scandale n'ont : pas le recul suffisant / n'ont pas assez réfléchi / sont coincés dans leurs habitudes. »
« Ne pourrait-on affirmer sans craindre d'être mal compris que... »
« Cet exercice n'est pas inutile. »
« Pour peu qu'on ait abordé ce sujet avec la distance suffisante »
« Les jeux ne sont pas faits. »

Parmi les possibles éditoriaux, en voici un :
Au moment où Le Pen évoquait la « chasse au chapon dans le Marais parisien », je relisais mon éditorial de mars dernier. Ma question sur l'homophilie au sein du FN m' a paru encore plus pressante. Regarder nos luttes avec les yeux de Le Pen, ce n'est pas faire le jeu de l'extrême-droite. C'est imposer une exigence, un désir d'absolu à nos revendications, sans se satisfaire des évidences du type : « François Bayrou est difficile à placer sur l'échiquier politique. »
C'est aussi jouer le jeu du dialogue avec celle et ceux qui, à première vue, nous paraissent nos plus parfaitEs opposéEs. Prenons comme exemple cette militante d'Act Up, qui, refoulée sans ménagement par le service d'ordre de Sarkozy, se demanda avec une réelle ouverture d'esprit : « N'y a-t-il pas ici de l'homophilie, plus ou moins secrète ? » Comme elle, et contre tout ce que les bien-pensantEs pourront nous objecter, considérons le spectre de nos revendications sous la perspective des électeurs de l'extrême-droite. Cet exercice n'est pas inutile. Et, sur ce point, Nicolas Sarkozy ne recule pas devant la difficulté.
Les associations LGBT ont cru pertinent d'utiliser son refus d'exclure Christian Vanneste pour le présenter comme homophobe. Or, on ne le répétera jamais assez, on s'intéresse trop à ce que font ou disent ces gens, pas assez à ce qu'ils ou elles ressentent à l'intérieur. Et puisque, vraiment, nos associations sont trop attirées par les enjeux politiques, au lieu de s'intéresser aux individus qui font la politique, posons-leur la question suivante : qui pourrait garantir que l'exclusion de Christian Vanneste de l'UMP n'aurait pas fait le jeu de l'homophobie ?
Et, alors que je crois soulever des problèmes qui nous concernent tous, il me semble nécessaire de rappeler que, pédé out depuis de nombreuses années, je ne peux en aucun être taxé d'homophobie : j'ai signé des pétitions (mais je n'ai jamais compris pourquoi une institution aussi poussiéreuse que le mariage comptait autant pour les pédés et les gouines) ; et j'ai déjà utilisé le mot 'homoparentalité' dans mon dernier éditorial.
Quant à celles et ceux qui me reprochent, après mon dernier éditorial, ne pas aborder les questions liée au sida, et les différence dans les programmes de la gauche et la droite, il semble qu'ils n'ont pas assez réfléchi à ce qui est, pour peu qu'on l'ait abordé avec assez de distance, une évidence : la lutte contre le sida a tellement progressé qu'elle ne représente plus un clivage gauche-droite. Et il faut s'en réjouir, car cela veut dire que les jeux ne sont pas faits.




A vous de Jouer...

1 comment:

Anonymous said...

sois JAMAIS BLASé, tu vaux (encore) mieux que ça, pour l'instant non ?
zynn@hotmail.fr